Une production durable et responsable

Dans son dernier rapport déposé en aout dernier, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) émet un constat clair : tous les décideurs publics doivent prendre des mesures immédiates pour limiter les conséquences des changements climatiques. Ils invitent tous les secteurs d’activités, dont le nôtre, l’agriculture et l’alimentation, à participer activement et rapidement à la lutte aux changements climatiques.

En tant que producteurs de lait, le respect de l’environnement est déjà au cœur de notre travail et de nos préoccupations quotidiennes. Le climat, l’eau, l’air, les sols et la richesse de l’écosystème influencent directement notre production. Nous avons besoin d’une terre en santé pour cultiver une nourriture de qualité pour nos animaux. Nous avons à cœur de prendre soin d’elle pour les générations futures et pour assurer le développement durable des fermes laitières du Québec.

Avec nos bandes riveraines, nos haies brise-vent et nos prairies fourragères, nous contribuons à améliorer la qualité de l’air et de l’eau. Nos pratiques de gestion des sols comme la rotation des cultures, le semi-direct et la variété de nos cultures sont bénéfiques pour la santé des sols. Sans compter notre travail de valorisation des fumiers et leur transformation en fertilisants naturels qui réduit l’utilisation d’engrais chimiques.

La dernière analyse du cycle de vie du lait a même démontré que la production de lait au Québec a réduit de 8,7 % son empreinte carbone, de 12,5 % sa consommation d’eau et de 16,2 % son utilisation des terres en cinq ans. Les résultats démontrent d’ailleurs que l’empreinte carbone d’un kilogramme de lait produit au Québec est parmi les plus faibles au monde. Avec 0,93 kg eCO2 par kg de lait, il équivaut à moins de la moitié de la moyenne mondiale, qui est de 2,50 kg eCO2 par kg de lait.

Sans oublier que nous travaillons dans un système de gestion de l’offre où la production doit s’arrimer à la demande des consommateurs d’ici, luttant ainsi contre le gaspillage alimentaire et diminuant les kilomètres parcourus par nos aliments. Notre politique agricole se concentre sur la production d’aliments locaux, frais et nutritifs, des éléments qui n’ont jamais eu autant d’importance pour les Québécois.

Malgré les efforts déjà en place, et bien que les secteurs de l’énergie fossile et des transports demeurent de loin les principales sources d’émissions de gaz à effet de serre, l’agriculture et particulièrement l’élevage sont souvent directement critiqués. Les dernières données disponibles montrent que la fermentation entérique de tous les bovins ne représentait que 3,6 % des émissions de GES en 2018 au Québec, un pourcentage qui a d’ailleurs diminué de plus 11,2 % depuis 1990. Même si cette amélioration est encourageante, l’aspect environnemental continue d’orienter les choix des consommateurs jusque dans l’assiette. Pour garder les jeunes générations intéressées aux produits laitiers, il sera nécessaire d’en faire encore plus en matière de développement durable. D’autant plus que les boissons végétales, qui gagnent en popularité, se positionnent souvent comme un choix environnemental, malgré qu’elles soient parfois issues de l’irrigation ou ayant voyagé de longues distances pour se rendre sur nos tablettes. Sans compter qu’elles n’offrent pas toutes les valeurs nutritives comparables au lait, qui est équilibré avec ses sources de protéines, de calcium et d’autres éléments essentiels. La multiplication des offres sur le marché influence nos ventes et on se doit d’être proactifs pour garder nos consommateurs. Il faut mettre nos bons coups de l’avant pour leur démontrer que les producteurs de lait sont dédiés à la préservation des ressources naturelles et ont une réelle volonté de participer à la lutte aux changements climatiques.

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Il faut mettre nos bons coups de l’avant pour leur
démontrer que les producteurs de lait sont dédiés
à la préservation des ressources naturelles et
ont une réelle volonté de participer à la lutte aux
changements climatiques.

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Depuis septembre, le dernier volet du programme proAction, celui de l’environnement, est en vigueur dans toutes les fermes canadiennes. En mettant en place ce volet, nous poursuivons nos efforts d’amélioration continue dans un souci de transparence pour les consommateurs. ProAction est un moyen privilégié pour démontrer les normes élevées derrière tout le lait produit au Canada.

Les gouvernements aussi se mobilisent et proposent différents programmes pour aider les entreprises agricoles à développer de meilleures pratiques agroenvironnementales. Le Plan d’agriculture durable 2020-2030 du gouvernement du Québec et le Programme des technologies propres en agriculture du gouvernement fédéral en sont de bons exemples.

Collectivement et individuellement, nous devons aussi continuer à développer des actions et mesures concrètes dans nos fermes. Les initiatives collectives de producteurs sont de belles réussites qui font une différence en plus de faire rayonner positivement le secteur. Je pense entre autres au beau succès de la Coop Agri-Énergie Warwick, la toute première coopérative agricole dédiée à la production d’énergie renouvelable au Québec.

Au sein de notre organisation, une volonté d’en faire plus émane des décisions des élus. Plusieurs projets majeurs sont d’ailleurs lancés. Le Fonds Écoleader, instauré par le gouvernement du Québec, nous a notamment accordé du financement pour déployer une stratégie de développement durable qui établira un plan d’action et des cibles afin d’améliorer la durabilité de la production laitière au Québec. Aussi, un projet financé par l’entremise du Programme de développement sectoriel, en vertu du Partenariat canadien pour l’agriculture, nous permettra de réaliser une analyse de cycle de vie de toute la filière laitière québécoise, de la ferme aux consommateurs. En collaboration avec nos partenaires, nous pourrons ainsi mieux identifier les zones d’amélioration et coordonner les meilleures actions à mener à la ferme et en usine. En plus de tout ça, plusieurs projets de recherche en environnement sont en cours et permettront, à terme, d’accompagner les producteurs à faire toujours mieux. En matière d’environnement et de développement durable, les attentes des consommateurs sont claires et précises, et nous, producteurs, sommes déterminés à participer aux changements. Continuons à faire croitre notre industrie de façon toujours plus verte.

SignatureDanielGobeil

 

 

 

Daniel Gobeil, président

 

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