Beurre : doit être produit « à partir du lait ou des produits du lait »; crème glacée : doit être fabriquée à partir « de crème, de lait ou d’autres produits du lait »; fromage : doit avoir parmi ses ingrédients « le lait, le lait écrémé, la crème, le lait reconstitué à partir de sa poudre, le lait écrémé reconstitué à partir de sa poudre ou un mélange de ces produits ». Et le lait? On le définit comme suit : « Pour la fabrication de produits laitiers, la sécrétion lactée normale, exempte de colostrum, des glandes mammaires d’un animal. » Ça ne peut pas être plus clair. Pour qu’un produit puisse revendiquer être un produit laitier, il doit inclure du lait qui est lui-même issu des glandes mammaires d’un animal, dans notre cas du lait de vache, mais nous pourrions penser au lait de chèvre ou au lait de bufflone. Qu’à cela ne tienne, de nombreuses entreprises sont prêtes à braver la réglementation canadienne. Pourquoi? Parce qu’elles savent qu’elles ont tout avantage à s’attribuer l’image positive du lait et des produits laitiers, une image associée à un produit naturel, de qualité et local. Afin d’attirer des ventes, elles cherchent à imiter, copier et plagier non seulement les noms de nos produits, mais également les visuels, les emballages et le marketing des produits laitiers.
Ce « beurre végétal », qui n’est par ailleurs que de la margarine, est ainsi présenté dans un bloc enveloppé d’aluminium sur lequel on voit des pâturages agricoles, clôtures et étables incluses. Tout est fait pour évoquer une production agricole rustique et saine, alors qu’on sait très bien que la liste des ingrédients a plus à voir avec un laboratoire qu’un pâturage fermier. Prenons le lait à boire. Ingrédients : lait et vitamine D (tel qu’exigé par la réglementation québécoise). Boisson d’avoine, ingrédients : la liste remplirait cette page et la prochaine. La tendance est résolument de consommer des produits les moins transformés possibles, ces imitations, ne pouvant rivaliser avec les propriétés nutritives du lait, singent alors sa mise en marché pour tromper les consommateurs, qui selon nos données, reconnaissent majoritairement que les boissons végétales ne sont pas meilleures pour la santé que le lait de vache.
Nous ne restons pas passifs face à cette usurpation des termes laitiers par des entreprisesqui tentent de compétitionner avec nos produits. Des démarches sont en cours au niveau fédéral pour dénoncer et demander des correctifs dans ces cas fl agrants de plagiat des termes laitiers. Il est également possible de déposer une plainte auprès du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) pour affi chage trompeur ou tromperie (voir code QR ci-dessous). Ces plaintes peuvent être portées sur une base individuelle et un plus grand nombre de signalements aura davantage de chances de faire bouger le Ministère. J’enjoins donc les productrices, les producteurs et tous nos partenaires à dénoncer vigoureusement chaque cas de plagiat observé.
Il existe aussi une autre raison de ne pas laisser passer cette substitution. Nos produits sont non seulement nutritifs, sains et peu transformés, mais ils sont aussi tout simplement délicieux. Il serait dommage qu’un consommateur, confus par les emballages, retrouve sur sa table un aliment qui n’est pas un produit laitier et qui ne remplit pas ses attentes en termes de fraicheur, de saveur ou d’apport nutritionnel.
Daniel Gobeil, président
Pour déposer une plainte au MAPAQ au sujet d’un affichage trompeur